Des « individus
d’ascendance juive ou arabe » dénoncent la politique du gouvernement
israélien « d’alliance entre la droite et l’extrême
droite » qui « détruit consciemment toute possibilité de paix et de
cohabitation avec les Palestiniens ». Ils accusent aussi le gouvernement
français d'avoir pris « fait et cause pour cette barbarie en déclarant
légitime l’offensive de Tsahal » dans la bande Gaza et de transformer la
question en conflit « communautaire » voire« religieux ».
C’est un paradoxe que la signature de ce texte uniquement par des
individus d’ascendance juive ou arabe justement pour défendre avec la
dernière énergie que les bombardements de Gaza n’ont à voir ni avec la
religion, ni avec les origines. Le gouvernement israélien mène une
politique coloniale barbare que l’on pensait propre aux siècles passés.
Un gouvernement israélien d’alliance entre la droite et l’extrême
droite, où de plus cette dernière a pris le dessus ces dernières
semaines.
Ce qui se passe là-bas est un conflit national, politique, où Israël,
minutieusement, année après année, détruit consciemment toute
possibilité de paix et de cohabitation avec les Palestiniens, en
particulier par l’élargissement sans fin des colonies et le blocus de
Gaza, explicitement condamnés de longue date par l’ONU. Et de toute
façon un simple et salutaire réflexe d’humanité devrait suffire à
condamner la barbarie du recours massif aux bombardements contre les
populations civiles.
Mais voilà que le gouvernement français, qui se dit de gauche, a pris
fait et cause pour cette barbarie en déclarant légitime l’offensive de
Tsahal. Rompant ainsi avec l’équilibre au moins de façade remontant à de
Gaulle, en passant par Chirac et Mitterrand. Voilà qu’il transforme en
dépit de toute réalité la question en
conflit « communautaire » voire « religieux » en France même. Par ses
positions, par l’interdiction inadmissible de manifestations en soutien à
Gaza, il joue au pompier pyromane. Ouvrant la voie à un antisémitisme
délétère devenu « antisionisme des imbéciles ». Un antisémitisme qui,
comme tous les racismes, doit être combattu avec la dernière énergie.
Alors oui, il nous faut défendre une fois de plus haut et fort le
droit de condamner Israël dans le conflit en cours sans se faire taxer
d’antisémites pour autant. Et affirmer que, quand on est de gauche,
c’est même un devoir élémentaire. Que nous, signataires de ce texte,
refusons de laisser ramener nos personnalités et nos itinéraires
politiques à de supposées « origines ». Mais que nous refusons tout
autant l’instrumentalisation de celles-ci que d’autres n’hésitent pas à
mettre en œuvre avec l’appui indécent de Valls et de Hollande.
A Gaza, c’est d’abord et avant tout l’humanité qu’on assassine. Et
pour dire cela, pour le crier le plus fort possible, nul besoin d’être
d’origine arabe ou juive. C’est un devoir élémentaire auquel nous
appelons toutes et tous, comme nous appelons le gouvernement français à
arrêter de jouer avec le feu. De toute urgence.
Rony Brauman, Gilbert Achcar, Samy Johsua, Ada Bekkouche,
Michael Löwy, Alima Boumedienne, Farouk Mardam-Bey, Younès Ajarraï,
Pierre Stambul, Mohammed Bensaada, Michel Cahen, Matéo Alaluf, Salam
Kawakibi, Françoise Davisse, Nebia Geitner, Luc Richir, Mohamed
Paz,Zaïber Ben Lagha, Guy Corbi, Jacqueline Mahmud-Sebbagh, Mathieu
Bolléa, Mustapha Kourir, Bassma Kodmani, Jim.Cohen, Omar El Shafei, Neli
Busch
Tribune publiée sur Médiapart.
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